Rassemblance
« Rassemblance » : C’est le titre d’une émission diffusée sur TV5 Monde et animée par Magloire Delcros-Varaud, chroniqueur de télévision et de radio mais aussi acteur.
Dans cette série documentaire, l’animateur nous emmène en voyage, à la rencontre de personnes venues d’ailleurs, vivant en France et ayant réussi à métisser leurs cultures, ce qui leur permet de vivre ici, tout en étant de là-bas.
Le titre de cette émission m’a tellement parlé lorsque je l’ai découvert que je n’ai pas pris conscience immédiatement qu’il s’agissait d’un néologisme. « Rassemblance » : Un mot qui associe ce qui se ressemble et ce qui rassemble. À l’opposé des discours – trop entendus à l’heure actuelle dans certains médias – qui disent que ceux qui viendraient d’ailleurs « ne nous ressemblent pas » et « nous divisent ».
À travers « Rassemblance », Magloire – né en France de mère togolaise et adopté bébé par une femme française – nous guide dans son exploration de la ressemblance malgré les différences. Nous rencontrons alors des personnes du quotidien, leur histoire, leurs engagements, leurs combats, et nous découvrons – non sans émotions – un visage des personnes qui ont migré hélas trop peu mis en valeur.
À l’instar d’Oumou, femme guinéenne, arrivée en France en 1999 pour rejoindre son conjoint et qui n’a jamais accepté qu’on la cantonne à un rôle prédéfini par son sexe de naissance. Une femme qui jouait au football avec ses frères en cachette et que cette passion a amené à devenir arbitre. Une femme qui a transformé ses traumas en force grâce à la créativité : elle a découvert le théâtre en Guinée et aujourd’hui, en France, elle propose des spectacles dans lesquels elle aborde les questions de la place des femmes, de l’excision, des mariages forcés.
Ou bien encore, l’histoire de Caroline, née au Vietnam et arrivée en France en 1991 pour rejoindre son père, réfugié politique. Sa famille habite dans un petit village du Bourbonnais, de 680 habitants, atypique, où se côtoient plus d’une vingtaine de nationalités, dont la majorité provenant des pays de l’Est et de L’Asie. Caroline, arrivée à l’âge de 11 ans en France, nous parle de la séparation d’avec son père pendant 6 ans, puis des retrouvailles, du manque du pays, de son métissage aussi, avec la France ainsi qu’avec d’autres cultures. Elle décrit le plaisir qu’elle prend à vivre la diversité culturelle au quotidien : « La diversité culturelle, tout en respectant la culture du pays d’accueil, est une richesse » constate-t-elle.
Ce qui est commun entre toutes ces personnes, c’est bien l’universalité psychique dont nous parle Devereux, cette universalité qui fait que nous fonctionnons tous pareil, sans hiérarchie. Nos différences résident dans le fait que nous sommes aussi définis par un codage culturel, cette partie de nous qui se construit en fonction de notre lieu de naissance, de notre culture, de notre langue, etc.
A travers ces documentaires, Magloire – l’enfant d’ici venu d’ailleurs – veut nous transmettre ce qui l’a construit : son ouverture à l’autre mais aussi la force de sa double culture, qui n’a pas toujours été une évidence pour lui, homme noir qui confie avoir oublié son africanité pendant plusieurs années. Aujourd’hui, fier de son métissage, il nous embarque dans une aventure où « la richesse de l’humanité, c’est sa diversité. Nous sommes toujours les mêmes, citoyens de ce monde ».
Julie