4 211km
4 211km, c’est la distance entre Paris et Téhéran, la distance qui sépare Yalda de la terre natale de ses parents.
4 211km, c’est le nom d’une pièce de théâtre écrite, mise en scène et jouée par Aïla Navidi, accompagnée de Sylvain Begert, Benjamin Brenière, Florian Chauvet, Alexandra Moussaï, et Olivia Pavlou-Graham.
Sur le plateau, s’entremêlent images du passé et instants présents. Les comédiens jouent plusieurs personnages. Dans cette pièce d’une actualité criante, on découvre l’histoire de l’Iran, et des Iraniens, depuis la révolution islamique de 1979 jusqu’aux années 2000.
Yalda raconte son histoire. Son prénom signifie “naissance” en langue persane. Elle est née un an après la fuite de ses parents, Mina et Fereydoun, venus s’installer à Paris. Son père est un militant opposé au régime, ayant subi la torture en prison. Yalda n’a jamais connu l’Iran autrement qu’à travers les conversations politiques à la maison, et à travers l’espoir de ses parents d’y retourner un jour. La question qui se pose pour elle, c’est comment être française, vivre à Paris, et en même temps être iranienne. Des Iraniens la considèrent française, des Français la considèrent étrangère, qui est-elle à ses propres yeux ?
Au-delà de l’histoire de l’Iran, la pièce aborde plus largement le thème de l’exil. Elle décrit comment certains exilés nourrissent l’espoir de retourner un jour dans leur pays, tout en se construisant et continuant leur vie sur cette nouvelle terre d’accueil…
A titre personnel, je me suis retrouvée à maintes reprises dans le personnage de Yalda, et particulièrement dans sa construction identitaire. En effet, je me suis souvent considérée comme franco-iranienne. Un jour même, à 6 ans, rentrant d’un voyage en Suède, j’avais raconté à l’école mon voyage… en Iran !
Il y a eu cependant ce moment, bien plus tard, qui m’a un peu chamboulée. Alors que j’étais en Suède à l’occasion du mariage de mon cousin, ne parlant pas suffisamment le persan pour converser, je devais baragouiner avec l’anglais que j’avais un peu appris à l’école. Il m’est venu ce sentiment que je n’avais encore jamais ressenti : celui d’être étrangère dans ma propre famille. Quand j’étais au milieu de jeunes Français, je m’étais déjà senti étrangère, différente, de même qu’au milieu de jeunes Iraniens. Est-ce le prix à payer de mon métissage ? Comment trouver une place dans l’entre deux ?
4 211km, cette pièce très émouvante, se jouait jusqu’au 31 janvier 2023 au Théâtre de Belleville à Paris, et j’espère qu’elle aura une longue vie. Elle est d’une importance capitale alors que continue le combat des Iraniens et des Iraniennes.
Laure