L’histoire d’hier et d’aujourd’hui
Dans un de mes premiers articles publiés sur ce blog, je m’interrogeais sur l’importance de l’histoire, plus précisément de celle qui n’est que trop peu racontée dans les manuels scolaires : l’histoire coloniale, qui suscite encore aujourd’hui de nombreux débats en France.
La lecture de cette histoire telle qu’elle s’écrit dans le système scolaire est souvent critiquée pour ses biais : une histoire racontée du point du vue des colonisateurs, ne tenant pas assez compte du point de vue des principaux intéressés, les peuples colonisés. Cet autre point de vue, je l’ai découvert grâce aux rencontres et échanges avec des personnes ayant vécu la colonisation dans leur histoire personnelle et familiale. Je me suis également intéressée aux auteurs et artistes ayant travaillé sur ce sujet, à l’instar de Blick Bassy qui a dédié son album 1958 à Ruben Um Nyobe, homme politique camerounais ayant œuvré à l’indépendance totale du Cameroun, assassiné le 13 septembre 1958 par l’armée française. Cette guerre secrète, menée par la puissance coloniale française au Cameroun dans les années 50, est encore aujourd’hui ignorée par la plupart de mes compatriotes, s’ils n’ont pas un lien direct avec elle.
Le massacre de Thiaroye au Sénégal, survenu le 1er décembre 1944, est lui aussi passé sous silence dans une certaine histoire officielle, tout en étant mis en lumière par un grand nombre d’artistes. Thiaroye était un camp ayant accueilli les tirailleurs africains, ces hommes de l’armée coloniale française qui ont combattu aux côtés des Français et de leurs alliés, pour les libérer de la domination allemande. Ces mêmes hommes ont été tués par la même armée française, lorsqu’à la fin de la guerre, ils ont réclamé leur solde. Ces hommes font partie de notre histoire collective, et leur massacre comporte aujourd’hui encore de nombreuses zones d’ombres. Les réalisateurs sénégalais Thierno Faty Sow et Ousmane Sembène en ont fait un film en 1988, Le camp de Thiaroye, interdit en France pendant 10 ans, signe d’une difficulté pour le pays à faire face à son passé. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Depuis plusieurs années, la France est interpellée pour ouvrir ses archives sur ces différents évènements. Certains hommes politiques ont reconnu le rôle joué par la France dans les périodes sombres de son histoire, une reconnaissance demandée par les pays concernés, nécessaire mais sûrement pas suffisante. Comment aller plus loin et poursuivre le travail de mémoire, l’histoire coloniale peut-elle et doit-elle être soldée ?
En tant qu’individus, de par nos représentations personnelles et collectives, conscientes et inconscientes, nous faisons partie de cette histoire. Il me semble qu’une chape de silence et de gêne pèse encore trop lourd et nous empêche de faire évoluer ces représentations.
Le passé impacte le présent, à tous les niveaux. La question n’est pas de se sentir coupable et responsable des faits de nos aïeux, mais bien d’avoir connaissance et conscience des faits historiques, de les regarder sous toutes les facettes, pour mieux comprendre le présent et construire un futur plus apaisé.
Julie et Guillaume