Féminisme transculturelle
Lundi 28 octobre 2024, trois rapporteurs spéciaux et le groupe de travail des Nations Unies sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, ont déclaré que l’interdiction du hijab dans le sport en France est « discriminatoire et doit être annulée ».
Rappelez-vous, en mars 2024, peu de temps avant les Jeux Olympiques de Paris, il y avait eu un appel mondial sur les réseaux, pour garantir l’égalité d’accès au sport pour les femmes et les filles musulmanes, qui demandait l’annulation de l’interdiction du port du hijab imposée par la Fédération Française de Basket depuis décembre 2022.
Cette actualité m’avait interpellée car au milieu de toutes les prises de positions, on entendait très peu les associations féministes françaises prendre la défense de ces femmes, dont l’accès à un sport leur était refusé. Ce constat reflète bien les prises de position parfois difficiles des mouvements féministes en France – et plus largement en Occident – quand il s’agit de parler du port du voile ou du hijab, que ce soit dans le sport ou dans d’autres espaces, pour ne citer que cet exemple. Car la problématique va bien au-delà de la question du voile.
Dans son podcast « Bas les pattes« , Kpénahi Traoré, journaliste à RFI Afrique, aborde les questions de genres dans les sociétés contemporaines africaines, dont le féminisme. Elle nous rappelle la présence des mouvements féministes sur le continent africain depuis plus de 50 ans, en citant l’autrice d’Une si longue lettre et de Un chant écarlate, Mariama Bâ ou bien encore celle de La paroles aux négresses, Awa Thiam et de façon plus contemporaine, les prises de positions de la Nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. Des femmes, dont le féminisme n’est plus à démontrer, mais qui sont souvent invisibilisées dans les médias occidentaux. À la rigueur entend-on parfois parler de l’afro-féministe Bell Hooks, mais plus de part sa place d’Américaine que de femme noire. Rokhaya Diallo, journaliste française, militante féministe et antiraciste, a souvent abordé ces questions éminemment sensibles en France, que ce soit à travers ses prises de paroles sur les plateaux télé ou bien à travers son podcast “Kiffe ta race”.
Ces réflexions m’amènent, en tant que féministe française blanche, à pointer ici l’importance de pouvoir faire ce pas de côté d’un féminisme européanocentré et ne pas considérer que les mouvements féministes seraient, depuis la nuit des temps, de la prérogative des femmes européennes, blanches et laïques. Il s’agit ici, de l’ouverture à l’altérité et à d’autres féminismes, qui tiennent compte de la réalité locale et culturelle des femmes et des pays, car il n’y a pas un féminisme mais des féminismes.
Julie