Les noms de famille : une porte d’entrée
Un jour un ami m’a demandé : « Tu t’appelles Marques aussi ? Je ne savais pas ! »
J’ai la chance de porter deux noms de famille : Cardoso, hérité de ma mère, et Marques, de mon père. Puisque je suis leur fille, je corresponds bien à l’union des deux, et cela s’entend dans mon double nom. Porter les noms de famille maternel et paternel est une coutume portugaise. Cela a sûrement eu un impact sur la personne que je suis devenue aujourd’hui. Sans aucun doute, cela a influencé la construction de mon identité.
La règle de la formation des noms de famille au Portugal est la suivante : prénom, un seul ou plusieurs, puis nom de famille de la mère, et ensuite du père. Cette règle n’a été définitivement fixée qu’au XXe siècle. Auparavant, il y avait de multiples possibilités de transmission des noms de famille : un fils prenait le nom complet du père et une fille celui de la mère ; une fille pouvait ne pas avoir de nom de famille, mais recevait le prénom de la mère en guise de nom ; ou encore les quatre noms de famille des deux parents pouvaient se croiser pour les différents enfants. On peut imaginer la créativité de tels procédés, mais aussi une certaine confusion qui pouvait en découler, et quelques malentendus, avant que la règle que l’on connaît aujourd’hui ne soit établie.
Récemment, dans le foyer où je travaille, un couple d’Érythréens a donné naissance à un joli petit bébé. Le couple me présente avec fierté Semaria. Je leur pose la question : « Et quel nom de famille elle porte ? » Avec un sourire au coin, son père m’explique que le nom de famille de sa fille est son prénom et son nom de famille à lui. Il me le dit comme si cela relevait d’une évidence universelle. Partant de leur coutume, nous pouvons alors initier un voyage à travers les manières de nommer les enfants à travers le monde.
J’ai toujours trouvé fascinantes les histoires des noms de famille. Elles constituent de magnifiques portes d’entrée à la démarche transculturelle, et nous disent bien ce qu’est le métissage : inventer de nouvelles manières d’habiter son identité à partir de la pluralité des appartenances.
Jenny