Aux femmes

En cette période pré-électorale et dans un contexte où les attentats terroristes, se voulant au nom de l’Islam, suscitent évidemment l’effroi au sein de la population française, la question du voile n’en finit pas d’alimenter les débats politico-médiatiques. 

Chaque jour apporte son lot de sujets autour de l’interdiction du port du voile, débats excluant quasi systématiquement les principales concernées et dans un entre-soi déconcertant. Que ne veut-on pas entendre ?

Le projet de loi contre le séparatisme, une fois passé au Sénat, a vu des amendements adoptés rendant plus difficile encore la participation des femmes voilées à la vie en société (interdictions pour les mamans accompagnantes lors des sorties scolaires, lors des compétitions sportives et pour les mineurs), ce qui peut paraître étonnant lorsque l’on prétend lutter contre le communautarisme. Ce texte qui a certes peu de chances d’être voté à l’assemblée nationale, interroge sur la difficulté de notre société à se penser dans sa diversité métissée. 

Trop souvent reléguées au rang de femmes soumises aux hommes, qui s’ignorent selon bon nombre de féministes, et dont l’apparence d’un libre consentement ne serait que le reflet de leur aliénation et du fait qu’elles aient intégré l’oppression et la domination dont elles sont victimes. Incapables de penser par elles-mêmes finalement ! On se rappellera à travers cette position paternaliste de « sauvetage » de la femme musulmane issue de la colonisation, la manifestation de dévoilement de 1958 à Alger visant à promouvoir la capacité émancipatrice de la colonisation. 

Depuis les attentats et la suspicion qui pèse sur les musulmans, les femmes voilées se voient à présent accusées d’être les étendards d’un Islam politique visant à faire pression sur la société et à modifier insidieusement le mode de vie « à la française ». Ce qui justifierait leur « invisibilisation » et dédouanerait les discours ambiants de toutes velléités racistes. 

« L’invisibilité sociale ne possède ce caractère public que parce qu’elle est paradoxalement exprimée par l’absence des formes positives d’expression emphatiques habituellement liées à l’acte de l’identification individuelle » (Honneth, 2004 : 140).

 On comprendra la frustration et le sentiment d’injustice vécus par les femmes voilées, pourtant instruites, dès lors qu’elles cherchent à se rendre visibles et à exister dans la société française, que ce soit en tant que journalistes, chanteuses, représentantes associatives, humoristes, porteuses de projets etc. Et qu’elles sont, au nom de leur émancipation, reléguées à la sphère domestique ou cantonnées à des évolutions professionnelles ou associatives au sein de leur communauté supposée. En tant que femme française qui doit déjà lutter contre les manifestations du sexisme dit « ordinaire », je n’ose imaginer combien vous devez lutter plus que moi encore. En témoigne le hashtag #Touchepasamonhijab. 

Je rêve d’un demain où les femmes pourraient avoir les carrières qu’elles désirent, sans aucune limite, encore moins celle du métrage de tissu qui les habille ! 

Femmes de tous horizons, déployons nos transcur’Ailes… Courage les filles !

Anissa

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