La relation éducative: distance ou proximité?

Pourquoi leur en vouloir ? Je crois qu’ils voulaient simplement que l’on prenne conscience des effets potentiels sur nous du transfert et du contre transfert dans la relation éducative…Ils devaient sans doute vouloir nous protéger des risques du métier. J’ai fait ma formation d’éducatrice spécialisée presque persuadée et convaincue que la notion de distance dans la relation éducative devait être partie intégrante de ma pratique… Il vous suffira de quelques clics sur le web pour trouver bon nombre de références bibliographiques en la matière. Nos formateurs utilisaient beaucoup ce  terme. Il en devenait tellement répétitif qu’on en rigolait entre étudiants. Il faisait partie du jargon et on évoluait avec ça. J’ai joué le jeu, je l’ai inscris dans tous mes dossiers je crois…sauf pour mon mémoire ! J’ai en effet commencé à me réveiller lors de mon dernier stage, que j’ai réalisé au sein d’un Centre Provisoire d’Hébergement. J’étais aux côtés de ma référente de stage pour accompagner 7 familles réfugiées. C’est là que tout a commencé : mon appétence pour le transculturel s’est confirmée. Au fur et à mesure de mon engagement auprès de ces familles j’ai souhaité mettre en place un groupe à destination des jeunes filles. Le constat était simple : elles étaient des adolescentes ici venues d’ailleurs. Elles avaient besoin de se représenter la place de la femme en France et ce que c’était d’être une femme en devenir ici. Elles étaient prises entre les valeurs traditionnelles de la culture d’origine mise en avant dans leur famille et les valeurs du pays d’accueil. Ces jeunes filles avaient pour beaucoup un rôle particulier dans les familles, elles étaient souvent celles qui faisaient le lien entre le dedans et le dehors. Elles accompagnaient leurs parents dans les démarches médicales et administratives, elles avaient aussi un rôle d’interprète, de mère au foyer, de grande sœur, de confidente… Ce groupe que j’ai crée avait donc pour objectif de nous retrouver, entre filles, de nous poser afin de pouvoir échanger sur des thèmes divers. Aucune ne manquait le rendez-vous hebdomadaire, bien que prises par les aléas du quotidien. C’est à travers ce groupe, dans lequel j’ai fait le pari de la proximité, que je me suis rendue compte de son importance. Ces jeunes filles, d’une culture différente, avait d’autant plus besoin de repères. J’ai accepté d’avoir cette place où je pouvais représenter l’image de la fille/femme française. L’idée était alors de composer entre deux cultures : la pratique du groupe de parole et d’expression comme espace de négociation transculturelle rendu possible par mon implication directe, ma participation active et ma proximité avec ces jeunes filles. 

Je ne souhaite pas remettre en question les enseignements que j’ai eu pendant ma formation car tout était d’une très grande qualité. Je souhaite simplement réfléchir avec vous pour que l’on prenne conscience que la notion de proximité est selon moi la plus appropriée dans nos métiers auprès de l’humain. Il s’agit en effet d’établir une relation de confiance dans laquelle, de par notre proximité avec la personne accompagnée, il sera possible de co-construire pour lui permettre de trouver elle-même son équilibre entre les cultures.  

Je me retrouve clairement dans les propos de Christine Dorme qui pose justement la question de la distance dans son ouvrage. Elle expose le fait que notre profession a cru un moment qu’elle pouvait chasser toute subjectivité dans la relation éducative. Elle écrit que « la juste distance relationnelle pourrait se relier à cette proximité bienveillante ». Alors, est-ce jouer avec les mots ou peut-on y voir une réelle incidence sur notre positionnement professionnel ? 

Aïssa

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