Une rencontre

Cet article est le tout premier de ma carrière (tant de soignante que de blogueuse), alors je me suis dit que cette première imposait peut-être des présentations. 

Infirmière depuis une bonne douzaine d’années en psychiatrie, je fais partie d’une équipe mobile psychiatrie précarité. C’est au cours  de ma participation au DU psychiatrie et compétences transculturelles que j’ai eu la chance de rencontrer et intégrer l’ équipe transcultur’ailes. J’ai dans l’idée de partager ici des moments de ma vie de soignante, les rencontres, les questionnements et recherches qui ont pu et pourront me traverser et par la même occasion, faire un peu la lumière sur une clinique, celle de l’infirmière.

 Mais comment j’en suis arrivée là ? En fait, J’ai croisé le chemin d’Hamida et Aminatou,  lors de mes premiers pas en EMPP. Mère et fille avaient quitté la Guinée Conakry pour fuir des violences. Hébergées par le 115 depuis leur arrivée en France, j’ai été sollicitée par une bénévole d’un collectif car Hamida et Aminatou semblaient en grande souffrance tant liée à leur parcours qu’à la précarité dans laquelle elles vivaient. Au fur et à mesure de nos rencontres et du tissage de liens, j’ai été traversée par une multitude d’émotions et  de questionnements. Qui j’étais, ce que je représentais, de quelle place je m’adressais à elles. L’ infirmière? la  soignante? la femme?  la mère? la  fille ? Un vrai bazar! Et puis,  jusqu’où je pouvais aller?  “Suis-je à ma place?” ”Vais-je trop loin?” ”Pas assez?”  Cette fameuse  « bonne distance » tant apprise en formation me donnait du fil à retordre.

La force du collectif et les espaces de réflexion clinique en équipe ont permis de m’éclairer sur les  processus transférentiels mais aussi de relier les cliniques transculturelles et de la précarité. Toutes deux nous amènent à nous déloger et nous engager, comme le développe J Furtos dans ses recherches. Il nous faut donc accepter d’être “dérangé” par l’autre pour s’engager, être et rester soignant. En situation transculturelle, ce qui est le cas avec Hamida et Aminatou,  la notion de contre transfert culturel est à prendre en compte. Il vient souligner la dimension culturelle, intime et collective, qui entre en jeu. Il faut accepter ces mouvements et s’efforcer de les comprendre pour laisser place à la rencontre, première étape primordiale dans le soin.

C’est en cela que la rencontre avec Hamida et Aminatou à été pour moi la rencontre avec la clinique transculturelle et aussi avec un peu de moi-même.

May-Line

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