Nouveau-nés, nouveaux bébés ?

Être bébé avec sa famille, dans sa culture et face au monde d’aujourd’hui

15ème colloque de la revue L’autre : « Nouveau-nés, nouveaux bébés ?
Etre bébé avec sa famille, dans sa culture et face au monde d’aujourd’hui », 21 et 22 novembre 2013 (Clermont-Ferrand)

Aujourd’hui les familles se transforment, les cultures et les courbes démographiques aussi et les personnes se déplacent. Que deviennent alors les traditions, les façons de s’occuper des bébés ?
Quelle est la nouvelle puériculture ? Comment sont fabriqués les nouveaux bébés ? Comment, avec leurs familles, vont-ils faire face à cette globalisation ? Comment tous les bébés sont- ils pensés, aimés, observés et soignés ? Comment l’exil touche les bébés et leurs parents ?
Cliniciens, historiens, anthropologues, soignants, travailleurs sociaux… se pencheront sur les berceaux des nouveaux bébés d’ici et d’ailleurs.

Comité d’Organisation
Marie Rose Moro, Paris Descartes ; Christian Lachal et Hélène AsensiCantara Grem, Clermont-Ferrand ; Thierry Baubet Paris 13

Colloque en Hommage à Daniel Stern

Daniel Stern (1934-2012) était pédopsychiatre, professeur émérite de psychologie à l’Université de Genève, et psychanalyste . Il était  praticien à l’Hôpital de New-York et membre de la faculté du Centre de Psychanalyse à Columbia University, New York. Il s’est passionné pour les bébés au point de se mettre dans la peau de monsieur Bébé et d’écrire Journal d’un bébé, publié en France en 2004.
Il a su concilier et associer dans une même curiosité son point de vue de psychanalyste et celui du chercheur. Il a décrit cette danse qui unit la mère et le bébé dans des intentions réciproques, des accordages, des pensées partagées et  il a reconnu la dynamique avant tout sociale du bébé en développement.
Il a accompagné quelques temps notre route, en participant ici-même, à Clermont-Ferrand, au Colloque de l’autre sur le jeu ; en guidant la Recherche menée par le Pr. MR Moro sur la transmission des traumas entre mères et bébés.
Nous aimions sa compagnie, nous aimions sa grande culture, nous aimions le bébé qui l’habitait et se faisait connaître dans son regard pétillant.
Ce Colloque lui est dédié.

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Introduction
Marie Rose Moro, Christian Lachal, Hélène Asensi
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Plénière 1

Idrissa Ba : Prendre soin des bébés au Sénégal
Dans un contexte africain et sénégalais marqué par une mortalité néonatale élevée (mortalité néonatale autour de 35 pour 1000 naissances vivantes au Sénégal), les soins apportés aux femmes enceintes et aux nouveau-nés s’avèrent d’une impérieuse nécessité.
De nombreux rituels et interdits sont observés en milieu sénégalais afin de protéger la femme enceinte et le nouveau-né du fait de leur grande vulnérabilité.
Malgré le renforcement des moyens de prévention et de traitement des maladies liées à la gravidopuerpéralité et des maladies infantiles, les taux de prévalence de la mortalité et infantile restent encore à des taux élevés.
L’introduction en 2008 au Sénégal de la formation des professionnels de la petite enfance à l’observation de bébé selon Esther Bick constitue une contribution à une meilleure connaissance du développement psychique des bébés et à une amélioration de leur prise en charge.
Cette formation a permis de revisiter certaines pratiques et croyances encore très vivaces dans la famille africaine mais qui ont tendance à se perdre surtout en milieu urbain avec la nucléarisation des familles et des logements qui réduisent la satisfaction des besoins vitaux des tout-petits.
Nous insisterons particulièrement sur  le mauvais œil et le portage au dos.
Nous pensons que faire connaître cette méthode en Afrique participera au développement de la santé publique et à un plus grand respect des droits des enfants et des femmes.
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Sylvain Missonnier : l’e-baby du troisième millénaire
Ma communication s’organise à partir d’un récit clinique d’une femme enceinte qui repère mon mail sur une carte de Rendez-vous réalisée ainsi par l’hôpital et elle m’envoie des vidéos « illustratives » de notre travail psychothérapeutique entre chaque séance.
Ces vidéos représentent des bébés très particuliers… mais résolument post modernes !
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Marie Rose Moro, Bernard Golse : Filiations narratives
L’axe de la filiation narrative vient compléter utilement les trois axes de la filiation décrits par J. Guyotat, à savoir l’axe biologique, l’axe symbolique et l’axe psychique ou affectif.
La mise en récit des évènements ayant eu lieu autour de l’origine (la rencontre du couple des géniteurs, le désir d’enfant, la grossesse, la naissance, les premiers liens) répond certes à la quête des origines des enfants adoptés et de tout un chacun, mais cette mise en récit permet aussi de co-construire une histoire qui appartienne en propre à l’enfant et à ses parents (biologiques ou adoptés) et qui offre un possible degré de liberté développementale ?
Les travaux de l’institut Pikler-Loczy à Budapest sont une source intéressante de réflexion évoquant la co-construction de cette histoire, notamment dans la perspective de l’adoption.
Le rôle de témoignage et d’inscription de la mise en récit de la filiation nous invite à penser qu’il existe une dimension de traumatisme discret, au sens de D.W. Winnicott, dans tout processus de filiation et d’affiliation.
Si F. de La Rochefoucauld a pu dire qu’il n’y aurait pas d’amour sans histoire d’amour, peut-être pouvons-nous penser qu’il n’y a pas de filiation sans mise en récit de la filiation et des origines du sujet.
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Ateliers 1 – Bébés et (puéri) cultures

Paul Claveirole : Des bébés dans les mailles du réseau
Dans notre société post-industrielle où la médecine s’allie plus que jamais à la science pour obtenir ce bébé auquel un couple estime avoir droit, qu’est devenue la puériculture dans la conception d’un réseau de soins dont le but est d’aider les professionnels à s’articuler autour de la naissance, qu’ils viennent de la maternité, de la pédopsychiatrie ou de la protection de l’enfance ?
Sortis de la période de l’hygiénisme à la fin du XX° siècle, nous sommes aujourd’hui confrontés à un éclectisme des méthodes et des techniques en matière de puériculture, les idéologies – que chacun peut revendiquer à sa guise –  allant bon train, alliées à une technicité que fournissent différents gadgets pour assurer le meilleur à Monsieur Bébé : les références en matière d’éducation dès le plus jeune âge sont en continuelle évolution, et les normes en la matière contribuent à cette mutation sociale ! Etre parent est devenu un métier, une compétence que ce terme de parentalité décrit assez bien.
Si les valeurs changent, la normalité en est tout autant déplacée mais, au fond, dans ce contexte mouvant, qu’en est-il de nos rencontres avec les parents, et leur bébé ?
Le réseau peut-il nous donner accès aux bébés et de quelle manière ?
Nous avons constaté que ce qui génère de l’inquiétude chez les professionnels de première ligne relèverait de ce que nous avons appelé de « l’étrangeté », autrement dit ce qui peut sortir de la fameuse norme dont nous sommes tous imprégnés que nous le voulions ou pas.
Dans cette communication, la présentation de situations illustrera cette inquiétante étrangeté et nous verrons comment les puéri-culteurs que nous sommes, au-delà de nos fonctions, ont pu être mobilisés et mieux sécurisés au sein d’un réseau, dans l’approche d’un environnement familial souvent complexe.
Nous avons considéré le réseau comme ayant potentiellement un rôle protecteur autant sur le bébé et son parent que sur les professionnels, en tempérant chez ces derniers leurs excès (toute-puissance, insécurité, clivage des équipes…).

Elisa Vernet : Mères adolescentes et dispositif d’accueil des bébés (de) migrants
La problématique des mères adolescentes migrantes constitue une préoccupation majeure pour la Protection de l’Enfance. Dans le contexte de la mondialisation où circulent et s’interpénètrent diverses perceptions de la grossesse et du maternage, le clinicien est confronté aux effets de la migration et de l’altérité dans la démarche de soins et d’accompagnement des personnes concernées. Comment ces mères pensent-elles leur adolescence ? Quelle est la fonction de la grossesse et du bébé dans leur économie psychique ? Quel est l’impact du vécu migratoire sur le vécu de grossesse ? En quoi ces vécus affectent-ils la maternité et la féminité ? Notre communication a pour objectif de présenter un dispositif d’accueil mères-enfants (AME) proposant à ces jeunes mères des espaces intermédiaires d’élaboration des processus de transmission trans-générationnelle et transculturelle à l’œuvre dans leurs relations avec leurs bébés et avec elles-mêmes.
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Muriel Katz-Gilbert : Circoncire, de génération en génération
“Voici le pacte que vous observerez, qui est entre moi et vous, jusqu’à ta dernière postérité: circoncire tout mâle d’entre vous. Vous retrancherez la chair de votre excroissance, et ce sera un symbole d’alliance entre moi et vous“ (Genèse 17 : 10-11).
En mettant l’accent sur l’identité du sujet pris comme entité individuelle, la Modernité peut conduire à le penser de manière isolée en s’affranchissant progressivement des éléments de filiation qui le déterminent.  Or, le judaïsme traditionnel entoure pour sa part la naissance d’un garçon de rites qui obéissent à des prescriptions ancestrales, visant précisément entre autres à marquer l’ancrage généalogique et l’appartenance culturelle du sujet à travers le corps du bébé. C’est ce qu’on appelle la Brit mila, cérémonie religieuse dont la circoncision rituelle constitue le centre de gravité.
Comment les Juifs vivant aujourd’hui en diaspora font-ils face à la double injonction de s’insérer dans un cadre culturel et national qui fait d’eux des citoyens à part entière d’une part, tout en restant fidèles à des règles de transmission inhérentes à leur héritage religieux et communautaire, d’autre part ? Comment par exemple comprendre le maintien de cette tradition ancestrale que représente la circoncision chez des sujets juifs, aussi éloignées de la religion soient-ils par ailleurs ? Qu’en disent-ils concrètement ? Telles sont les questions directrices qui seront abordées sous l’angle clinique dans le cadre d’une recherche mise en place à l’Institut de psychologie Université de Lausanne auprès de familles juives ashkénazes. Une recherche menée en collaboration étroite avec la Chaire de Judaïsme et d’Histoire de Juifs de la même université. L’objectif général de l’étude est de documenter la question de l’identité juive en Suisse et de ses déclinaisons contemporaines dans des perspectives à la fois historiques et psychanalytiques.

Atelier 2 – Recherches sur les bébés d’aujourd’hui

Dalila Rezzoug : Recherche ELAL : Pourquoi faut-il parler notre langue maternelle aux bébés ?
Le bébé s’inscrit dans une famille, un groupe, une ou des langues qui contribuent comme outils et objets de transmission à construire les affiliations de l’enfant à son environnement et à en faire un être culturel. Faire apparaître la notion de langue maternelle en particulier chez les bébés nés en migration oblige à penser le métissage dès le plus jeune âge et conduit à considérer ces bébés et ces enfants dans leurs appartenances multiples.

Mathilde Laroche-Joubert, Mario Feldman : La transmission du trauma mère-bébé
Se fondant sur le souci de prendre en charge au mieux les dyades mère-bébé dans un contexte traumatique et d’accompagner les thérapeutes, cette recherche tente d’appréhender les processus de transmission du traumatisme de la mère à son bébé. Elle est basée sur deux axes d’étude. Tout d’abord, elle pose le postulat de l’analogie entre les dyades  mère-bébé et mère-thérapeute, insufflée par la “maternelle attitude” de Ferenczi. Le vécu du bébé serait donc comparable au vécu du thérapeute. Nos interrogations autour des processus de la transmission du trauma au bébé peuvent donc être abordées par le contre-transfert des thérapeutes.
Le deuxième axe de cette recherche se construit à partir de l’observation directe des interactions mère-bébé et permet un regard in-vivo. Une proposition pour accéder au processus de la transmission du trauma au bébé, se base donc sur les modalités contre-transférentielles du clinicien ainsi que sur la dynamique triadique : mère-bébé-clinicien. Le clinicien pris dans l’intersubjectivité, s’engage également dans le partage du traumatisme. L’identification du “scénario émergent” (Lachal, 2006) dans le contre-transfert est notamment un indicateur du vécu du bébé. Cette présentation abordera la confrontation des principales hypothèses de cette recherche avec les premières analyses du matériel.

Aurélie Harf : Une migration singulière : les bébés adoptés à l’étranger
Bien que les adoptions concernent actuellement de plus en plus des enfants déjà grands, les futurs parents continuent de demander et d’espérer l’adoption d’un bébé, pour traverser ensemble les premières étapes du développement et pour se rapprocher le plus possible d’une filiation non adoptive. Pourtant ces bébés viennent d’ailleurs et posent d’emblée la question de l’altérité au sein du lien filiatif. Les conséquences des adoptions visibles, ainsi que les représentations parentales des appartenances culturelles de leur enfant seront développées. Ces migrants particuliers que sont les bébés adoptés à l’étranger forcent à l’élaboration de la place qu’occupent pour chacun les liens du sang, mais aussi du contre transfert culturel s’immisçant au sein même de l’intimité de la famille. Dans la relation à son bébé, quelle place donner à l’Autre, l’autre pays, l’autre culture, l’autre parent ?
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Atelier 3 – Mondialisation

Nora Bouaziz : Très jeunes mères isolées et leurs bébés
La naissance d’un enfant est un événement joyeux partout dans le monde aujourd’hui. Comme d’autres moments ou passages de la vie, l’adolescence, le mariage la mort mais aussi le voyage…, ce moment joyeux était autrefois marqué  par un rite. Comment accueille-t-on les bébés aujourd’hui dans nos sociétés dites modernes et métissées? Qu’en est-il des rites à la naissance d’un bébé aujourd’hui?
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Jonathan Ahovi : Accueillir les bébés dans le monde d’aujourd’hui
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Rodrigo Drozak : La planification du désir d’enfant

Cette étude s’intéresse au désir d’enfant chez les femmes dans deux favelas de Rio de Janeiro.
En 2004, dans son article « L’enfant du désir »Marcel Gauchet écrit : «  L’enfant désiré, c’est aussi, par définition, l’enfant refusé. La société qui met en avant le modèle de l’enfant du désir est objectivement la société du refus de l’enfant. Les données de cette chute impressionnante des niveaux de fécondité, en marche depuis 1965, sont notoires».
« L’enfant désiré », cité ci-dessus, fait référence à la démarche consciente, voire planifiée, qui s’intègre dans un plan de vie lié aux idéaux sociaux, culturels et familiaux, et pouvant alors aboutir à son refus. La notion de « biopolitique », forgée par Michel Foucault, et renvoyant à l’intérêt croissant du corps humain et de son contrôle dans les sociétés occidentales, sert ici de cadre conceptuel : l’accès généralisé à la contraception et à l’information sexuelle exige de nos jours un « projet d’enfant conscient », et il devient quasiment impossible de penser que la naissance serait le fruit du hasard (inconscient) qui nous échapperait. Cependant, une lecture psychanalytique du désir nous permet de comprendre que ce projet conscient est parsemé de significations surgissant du désir inconscient, indépendamment de l’appartenance à une classe socio-économique particulière. Pourtant, on observe une différence importante dans la manière dont les recherches s’interrogent sur la question du désir d’enfant en fonction de l’appartenance aux différentes classes socio-économiques. Tandis que des débats actuels sur le désir d’enfant, en lien avec les moyens technologiques de procréation et les formes de parentalité inédits, semblent s’adresser en premier lieu aux femmes appartenant aux classes socio-économiques privilégiées, de nombreuses études réduisent le désir d’enfant chez des femmes en vulnérabilité sociale au fait qu’ « […] être mère procurerait un statut social aux femmes les moins favorisées, à défaut de pouvoir prétendre à ce statut par l’intermédiaire d’un emploi valorisant ».(Marie-Thérèse Letablier et Zsuzsanna Makay, 2012).
Dans nos sociétés occidentales contemporaines qui mettent de plus en plus en avant la planification généralisée de la vie humaine, quelle place l’enfant occupe-t-il dans l’espace maternel, notamment lorsque celui-ci n’est ni prévu ni souhaité consciemment ? Force est de constater que de nombreuses naissances dans les favelas ne sont pas « planifiées ». Quels sont alors les signifiants propres à l’environnement social dont disposent ces femmes pour la constitution de leurs idéaux maternels ? De quelle manière les femmes perçoivent-elles la vie familiale, sociale et professionnelle contemporaine, et quel impact cela a-t-il sur la place qu’occupe l’enfant auprès d’elles?  La recherche se base sur l’analyse qualitative d’une quarantaine d’entretiens enregistrés avec des femmes habitantes de deux favelas de Rio de Janeiro.
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Plénière 2

Corinne Fortier : Nouveaux modes de procréation, nouveaux bébés
Parmi les nouveaux modes de procréation qui permettent de produire des bébés d’une autre façon qu’ « in vivo », soit in vitro, nous nous pencherons sur les techniques du don de gamètes et d’accueil d’embryon qui, parce qu’elles ont recours à un tiers donneur, posent les questions essentielles de l’origine, de la filiation, et de la ressemblance de l’enfant.
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Maria Teixeira : Représentations et pratiques de soins des bébés manjak (Guinée-Bissau, Sénégal)
Les représentations de l’engendrement et les techniques du corps imposées aux bébés Manjak en Guinée Bissau et au Sénégal, donnent un éclairage particulier sur la construction de leur humanité. Par façonnage du corps et du caractère, il s’agit après l’accouchement de modeler un être humain solide, en bonne santé, beau, gracieux, efficace et courageux. En cas de crise (mortalité successive d’enfants en bas âge) lors d’un nouvel accouchement, la mère devra inscrire sa progéniture non seulement dans une parenté humaine mais aussi dans une parenté spirituelle. En effet, l’enfant mort, pourrait être identifié par divination comme un être invisible malfaisant ayant pris la forme d’un bébé. Ce dernier effectue des allers-retours entre le monde invisible et visible pour « fatiguer sa mère ». Le rituel dukabuatã visera à humaniser ces petits êtres maléfiques et à les transformer en être humains en les fixant dans le monde des hommes. Mais si des êtres invisibles malfaisant ayant pris l’apparence de nourrisson peuvent être transformés en être humains, les enfants peuvent également être transformés en divinités.
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Eric Tellotocci : Les berceuses

Atelier 4 – Bébés très affectés

Thierry Baubet : Autismes et cultures
Alors que les contours de l’autisme se modifient scientifiquement et culturellement, nous discuterons de la validité transculturelle du diagnostic, des problématiques d’accès au dépistage et aux soins, des difficultés pour l’évaluation et l’alliance thérapeutique en situation transculturelle.
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Héloïse Marichez : Trauma et tout petit : « un bébé devenu si étranger »
Réflexion sur une prise en charge d’une patiente congolaise et ses deux enfants. Quelles intrications cliniques entre séparation précoce, trauma, attachement, dépression du tout petit ? Comment penser ces prises en charge qui nous peuvent nous mettre à mal ? Je vous proposerais un itinéraire avec cette famille teinté des aléas administratifs de la vie en France, de l’impact du trauma et leurs conséquences sur la relation thérapeutique.
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Michelle Simon : Autisme précoce : relation d’objet et théorie de l’esprit
La pratique avec les jeunes enfants autistes issus de familles migrantes nous incite à réfléchir aux enjeux de la rencontre clinique : troubles précoces du contact, de la relation et du langage nécessitant de réfléchir aux modalités d’échange avec l’enfant, mécanismes de clivage, de démantèlement et d’identification adhésive nous amenant à réfléchir aux conditions d’accès à la symbolisation, sidération des pensées et projections parentales face à un enfant trop étrange stimulant nos capacités d’élaboration thérapeutique, confrontation des rationalités médicales des structures de soins et des représentations ontologiques culturelles de l’enfant et du trouble justifiant le recours à un  cadre négocié et métissé. Ainsi, la clinique des interactions précoces du bébé centrée sur le lien de l’enfant avec son environnement physique et relationnel nous semble particulièrement féconde pour réfléchir aux modalités d’abord de ces enfants aux troubles de la réciprocité et de l’intentionnalité. A l’inverse, la clinique avec les jeunes enfants autistes nous aide à comprendre les mécanismes d’accès de l’enfant à une pensée propre et autonome.
Au départ d’une situation clinique, nous souhaitons développer 3 concepts qui, bien qu’issus de courants psychopathologiques différents, nous semblent pertinents d’articuler dans notre pratique clinique: la relation d’objet, la théorie de l’esprit et l’enculturation

Atelier 5 – Nouveau-nés, nouvelles parentalités

Claire Mestre : Choisir la couleur des bébés
Le choix de la couleur d’un enfant dans un projet d’adoption est une question qui se pose pour des parents. Mais le pourquoi de cette couleur n’est pas toujours su de façon consciente. Nous allons analyser le choix d’un enfant « noir ». La couleur « noire » prend son sens dans une histoire collective. Notre hypothèse est que le choix de la couleur matérialise un désir d’altérité, parfois ancrée depuis longtemps chez le parent adoptant. L’enfant fait accéder le parent a une forme de métissage. Ce désir croise des fantasmes plus intimes. Nous exposerons cette hypothèse à la lumière d’un corpus de recherche, de clinique et de littérature.
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Jean-Baptiste Loubeyre : Les bébés après l’apocalypse
Le frémissement de l’apocalypse aiguise les consciences. Nos disciplines oublient le doute et prennent une position tranchée quand elles tentent de prédire. Les débats sur la diversité des filiations ont révélé l’écart entre les constructions rationnelles métapsychologiques et l’impuissance théorique à la prédiction.
Le bébé est le fossoyeur des mondes passés. A chaque naissance, pour chaque bébé le monde est reconstruit, les traditions en partie recomposées. Le bébé écarte doucement les menaces apocalyptiques
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Judith Ayosso Yétondé : Les œufs de poisson feront de moi une mère imaginaire
Des femmes en mal d’enfant migrent en France dans le but de recourir à la procréation médicale assistée (PMA). Cependant pour nombre d’entre elles cet abord médical n’est pas toujours suffisant car il ne prend pas en compte les représentations culturelles des patientes.
En effet, sont souvent très présents la crainte, le soupçon que la difficulté à concevoir n’est pas naturelle mais induite par des pratiques magico-religieuses, des transgressions, des dettes transgénérationnelles…. Cela conduit à rechercher des réponses, une protection du côté de la tradition, de la famille, parallèlement à la prise en charge biomédicale. Cette quête du sens a cependant du mal à s’élaborer de façon solitaire, ce qui est souvent le cas en situation migratoire.
Dans la consultation transculturelle du service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Jean Verdier, nous recevons des femmes qui s’inscrivent dans un tel parcours thérapeutique alliant le culturel et le médical, ou qui ont besoin d’être portées par un travail d’élaboration autour des représentations culturelles.
Nous nous retrouvons donc avec ces femmes, dans une quête d’un enfant du métissage, d’un enfant du lien… qui n’advient pas toujours, mais qui est très présent et porté psychiquement et ceci, même lorsque tout espoir est vain.
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Atelier 6 – Des anthropologues et des bébés

Benoît Quirot : Désir d’anthropologie autour du bébé
On l’oublie, peut-être, trop souvent: le premier grand texte magico-religieux connu relevant des cultures sud-américaines, dans l’analyse duquel  Claude-Lévi-Strauss devait forger le concept d' »efficacité symbolique », était le récit du traitement chamanique d’un accouchement difficile… A partir d’une brève histoire des liens entre ethnologie et psychanalyse autour du bébé, nous reviendrons sur cette contribution, à priori non sciemment recherchée, du père de l’anthropologie structurale au champ de la périnatalité; et nous nous efforcerons de la déployer pour montrer comment, dans le dialogue entre disciplines, elle pourrait avoir encore une fonction de « clé ».
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Ariane Warnant : Naître à Obedjiwan (Canada) en 2013
Tout d’abord, suite à un détour historique, une légende sera présentée, celle de la marmotte Akokatcic.  Celle-ci nous permettra non seulement de nous immerger dans la culture atikamekw, mais aussi d’identifier les dangers guettant les bébés et leurs mères mis de l’avant par la sagesse populaire autochtone.
Ensuite, à travers un objet, le tikinakan (le porte-bébé), et un rituel, la cérémonie des premiers pas, nous constaterons l’évolution des pratiques reliées aux jeunes enfants en contexte atikamekw (Haute-Mauricie, Québec).
Traditionnellement, ces façons de faire reflétaient un mode de vie centré sur le nomadisme, la chasse et la pêche.  Elles étaient donc porteuses d’une conception du monde spécifique.  Puis, avec l’arrivée des missionnaires, on a assisté à l’éradication de certaines pratiques rituelles, qualifiées de diaboliques.  Par la suite, tant l’assimilation que l’avènement de la modernité, qui tendent vers l’uniformisation d’un coin à l’autre de la planète, ont favorisé le remplacement de certains objets par d’autres.  Mais, aujourd’hui, on constate que ces marqueurs identitaires représentent des instruments de résistance face à la société dominante.  Leur actualisation participe à la revalorisation de la culture.
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Danièle Pierre : Bébés et interprétations culturelles
L’exposé concerne l’histoire clinique d’une jeune femme congolaise de l’ethnie Kongo vivant en Belgique et de son bébé né par PMA : au début, il s’agissait d’une grossesse gémellaire, mais ensuite un seul embryon a continué à se développer. Dans ce contexte, le bébé a été considéré comme un sorcier qui avait mangé son jumeau. Les parents se sont disputés et le père est parti. Les interprétations à thème de sorcellerie, déployées dans la thérapie ethno psy ont permis l’élaboration de la problématique de cette jeune femme seule en terre d’exil et lui ont permis de renouer une relation plus harmonieuse avec son enfant. On redoutait chez lui des « troubles envahissants du développement », mais il a finalement très bien évolué grâce à la thérapie transculturelle.
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Posters
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Conclusions
·         Lire l’allocution orale  de Saskia von Overbeck Ottino