L’Astre d’Orient

Dans mon enfance j’ai été bercée par la voix de la chanteuse et poétesse égyptienne Oum Kalthoum. Une voix envoûtante empreinte de spiritualité qui vous invite à l’évasion, presque à la transe. Mon père lui a toujours voué une grande fascination et ce qui me surprenait le plus c’est que toutes les personnes d’origine maghrébine ou arabe que je côtoyais étaient tout aussi subjuguées par ce personnage. Mais qu’est-ce qui fait que, du Maghreb au Moyen Orient, Oum Kalthoum est connue de tous et perçue dans la plupart des foyers comme la plus grande icône du monde arabe ?

 En me renseignant sur son histoire j’ai découvert qu’elle était née en 1898 et était la fille d’un Imam d’une région rurale de l’Egypte. Ce dernier, impressionné par sa voix, la fit chanter habillée en garçon jusqu’à ses seize ans afin de contourner l’interdiction pour les filles de psalmodier le Coran en public. 

Si chaque culture définit ses propres modèles de conduites et d’inconduite, elle offre aussi des manières reconnues culturellement pour oser frôler l’interdit et contourner la règle imposée. Ainsi, Oum Kalthoum grandit en dépassant les prohibitions de l’Égypte traditionnelle et patriarcale du début du XXème siècle. Sa liberté, sa force et son engagement politique ont mis le monde arabe à ses pieds. Elle fut également surnommée la quatrième pyramide, c’est dire toute son importance ! Féministe, elle disait aux femmes : « vous êtes la moitié de l’humanité, prenez votre part ! »

 Ses talents d’improvisation continuent d’inspirer de nombreux artistes à travers le monde. Elle accordait une grande place aux paroles. Elle chantait l’amour et entretenait une confusion entre amour humain et amour du divin. C’est pourquoi, femmes, hommes, pauvres, riches, croyants ou athées, pouvaient s’identifier à ses chansons. 

En 1967, elle vient pour la première fois en Europe et c’est Paris qu’elle choisit. Le responsable de l’Olympia, afin de préparer sa venue, lui demande combien de chansons elle envisageait de chanter. Elle lui répond alors : « Une ou deux ». Surpris, il pensait le concert plié en une dizaine de minutes… Il ignorait qu’une chanson de la Diva pouvait durer une heure et demie ! Le concert dura jusqu’à trois heures du matin et fut le plus long de l’histoire de l’Olympia. Elle captivait son public jusqu’à presque l’hypnotiser.

La place qu’elle occupe dans l’imaginaire arabe n’est pas uniquement liée à ses attributs vocaux ou à la qualité de son verbe. Elle reflète une certaine identité arabe, une  grandeur et une liberté profondes. Son aura transcende et fédère les générations, les classes sociales ainsi que les pays. À sa mort, en 1975, des millions de personnes éplorées ont suivi son cercueil pour accompagner la mère de l’Égypte vers sa dernière demeure. La Dame a su convaincre de la puissance des mots et de la force de son art pour unir les peuples !

Anissa

Pour aller plus loin: https://www.lesclesdumoyenorient.com/Oum-Kalthoum-voix-de-l-unite-arabe.html

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