Filiations, Affiliations, Adoptions…

13e colloque de la revue transculturelle L’autre

2 et 3 décembre 2011, Hôpitaux Universitaires de Genève, Auditoire Marcel Jenny Organisé en collaboration avec le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent des HUG

Au cours de l’histoire et partout dans le monde, l’homme s’est toujours préoccupé de définir, autour de lui, un groupe d’appartenance selon des critères qui l’affilient à « son » groupe et qui le différencient des « autres ». Qu’il s’agisse d’appartenir à une famille, à un groupe social, ou de considérer l’autre comme faisant partie « des siens », les critères d’appartenance, d’inclusion ou d’exclusion, sont d’une variété infinie. S’ils peuvent être plus ou moins contraignants, ils sont néanmoins indispensables aux processus d’identification comme à la consistance narcissique du petit d’homme. Il semble, en effet, vital pour l’homme de s’adosser à du familier, quitte à le créer, pour ensuite y adhérer ou s’en détourner. Les modèles familiaux, par exemple, évoluent en fonction des époques et des cultures. De même, les affiliations culturelles sont transformées par les mouvements migratoires et le brassage des populations. Les bouleversements du monde actuel imposent un « travail » d’affiliation, de découverte de nouvelles familiarités, pour dégager de nouveaux supports identificatoires. Ce travail, s’il est suffisamment abouti, débouche sur des appartenances raisonnablement consistantes et ouvertes à l’altérité. Dans le cas contraire, le risque est celui de dangereuses radicalisations des modèles culturels, voire de dérives intégristes. Le colloque international de L’autre vous propose d’explorer cette quête du sentiment d’appartenance et ses avatars, quelles que soient ses modalités concrètes d’application. Il vous propose, à partir du paradigme de l’adoption, d’étudier les différents modèles de filiation biologique, relationnelle, culturelle, idéologique… et d’interroger l’évolution des processus d’identification face aux bouleversements des constellations parentales et culturelles. L’ethnopsychanalyse, par la complémentarité des regards qu’elle offre, permet d’approcher les préoccupations humaines au-delà des différences et d’analyser les paramètres environnementaux qui participent à la construction de l’humain, d’où qu’il vienne. Elle nous aide aussi à construire la clinique de demain, celle de la complexité identitaire.

Saskia von Overbeck Ottino

Edtion du Colloque sur Anthropoweb.com, le Portail des sciences humaines

Anne Cadoret (Anthropologue, Paris) : « Leçons de l’adoption internationale : corps et affiliation »

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Françoise Sironi (Psychologue, Maître de conférence, Paris 8) : « Les métis culturels, un paradigme identitaire contemporain »
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Christian Lachal (Pédopsychiatre, Psychanalyste, Clermont-Ferranf) : « Familles dans la tourmente : Gaza, Freetown, Banda Aceh »
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Table ronde avec les trois conférenciers autour des « Cultures, parentés, identités », Discutante : Claire Mestre

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Odile Lecerf : « Regard croisé mère-fille ou comment une rencontre devient une histoire d’amour »

Je propose un témoignage de notre histoire avec notre premier enfant que nous avons adopté en 2005, une petite fille alors âgée de 20 mois.
Mon propos s’articulera autour de deux axes principaux qui sont, à mon sens, intimement liés : celui de la construction du lien d’attachement mère-enfant et celui d’identité maternelle, de devenir maman…
Nous partirons de mon désir d’enfant que j’évoquerai brièvement pour arriver à aujourd’hui, notre petite fille a 7 ans. Je  vous proposerai donc de partager mes émotions, mon questionnement, mes espoirs… et les questions de notre fille. Par le biais de ce regard croisé entre mère et fille, nous cheminerons de « la découverte » de notre petite fille lorsqu’on nous a présenté sa photo, à notre première rencontre avec elle à l’orphelinat, au voyage du retour à la maison et des étapes ultérieures ; bref je tenterai de raconter notre parcours pour nous apprivoiser, nous connaître, construire un lien et devenir fille et maman…
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Nino Rizzo : « Destins de l’abandon »

L’abandon est le préambule nécessaire à l’adoption : il n’y a pas d’adoption sans abandon, c’est par ailleurs grâce à l’abandon que l’adoption est possible.
Indépendamment de la forme qu’il prend, l’abandon est toujours une expérience traumatique : le réel fait violemment irruption dans une réalité psychique extrêmement fragile, celle de l’enfant, qui est en passe de se structurer.
Le trauma vient perturber le processus de psychisation mais, en général, ne l’arrête pas complètement. Il se poursuit quand-même, avec des zones plus touchées que d’autres. Suit en général une plus ou moins longue période de « latence ».
A un moment ou à un autre la réalité externe se charge de réveiller les traces du trauma : cela se passe souvent à l’adolescence. Là, précisément, un nouveau destin se dessine, aux contours violents et à l’issue incertaine.
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Laura Sarfaty : « Serge et sa mère adoptive : d’un roman à l’autre »

Comment comprendre le rôle du Roman familial dans la construction du lien de filiation adoptive, sur un plan dynamique interpersonnel ?
Ce court exposé tente d’amorcer une réflexion qui, s’appuyant sur les apports théoriques psychanalytiques sur le concept de Roman familial, trouve son inspiration dans l’histoire clinique de Serge et de sa mère adoptive.
Ne peut-on pas envisager l’affiliation comme l’articulation et la mise en jeu réciproque des Romans familiaux de l’enfant adopté et de ses parents ?
Le rôle du psychothérapeute se conçoit alors comme celui qui soutient la rêverie, du côté des parents autant que du côté de l’enfant, afin qu’au lieu de les éloigner les uns des autres, elle leur permette de se rejoindre.
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Daria Michel-Scotti : « Le masque, entre soi et l’autre : accompagner les personnes adoptées à Espace adoption, de l’individu au collectif »

D’un point de vue transculturel, le masque est un objet qui a de multiples fonctions: il permet d’exprimer un sentiment, de rendre visible ce qui ne l’est pas, mais aussi de dissimuler, de protéger ou encore de transformer son identité.
Dans l’accompagnement individuel des jeunes adultes adoptés, le masque peut être utilisé comme une métaphore pour penser les enjeux identitaires propres à cette filiation. Dans le cadre d’un atelier destiné aux enfants, la création d’un masque, et sa mise en jeu, ouvre la possibilité de donner forme et d’habiter un double imaginaire, souvent porteur d’altérité culturelle, tout en s’affiliant à un groupe de pairs.
Ces exemples soulignent l’intérêt qu’il y a, dans le champ de l’adoption, à convoquer le collectif et proposer des espaces de soutien multiples, qui permettent d’explorer le registre de l’identité comme celui de l’altérité.
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Paola Porcelli : « Fosterage et résilience : trajectoires psychologiques des jeunes adoptés selon des pratiques « traditionnelles » en milieu bambara (Mali) »

Au sein de nombreuses sociétés « traditionnelles », les enfants quittent leurs parents biologiques dès leur plus jeune âge pour être élevés dans d’autres cellules familiales suivant les logiques de la solidarité, de la parenté, de la nécessité ou de l’éducation. Ces déplacements, désignés sous l’étiquette de « fosterage », renvoient à une multitude de pratiques qui présentent, selon les lieux, les circonstances, les contextes culturels et les individus, de nombreux points de variation. Leur définition s’avère ainsi compliquée, en donnant lieu à des débats théoriques majeurs concernant aussi bien les aspects structuraux que la sémantique de ces coutumes.
Face à une telle hétérogénéité de manifestations, cette communication se propose de déconstruire les représentations et les normes entourant ces formes d’adoption traditionnelles afin de jeter une lumière sur les effets psychologiques qu’elles entraînent. Le point de vue adopté vise à aller au-delà d’une logique ethnocentrée basée sur une lecture psychopathologisante des situations d’éloignement parental et focalisée sur les conséquences traumatisantes de la séparation. De même, l’enquête menée se différencie du regard des premiers anthropologues africanistes, qui considéraient le fosterage comme l’expression d’un idéal communautaire destiné à ne pas provoquer des difficultés psychologiques majeures sur ces protagonistes.
En s’opposant au réductionnisme de ces approches, l’une mettant l’accent sur le trauma, l’autre sur la banalisation de l’expérience du fosterage, cette présentation aspire à analyser les impacts psychologiques de ces coutumes en proposant un point de vue centré sur la résilience, qui semble à la fois proche des discours culturels dominants et de l’expérience des protagonistes. Ce concept, très populaire en psychologie mais également controversé en raison des difficultés liées à sa définition et à son évaluation, est ici abordé selon un modèle socio-constructionniste.
Les résultats ici présentés sont issus d’un travail de thèse au cours duquel nous avons examiné, à l’aide d’une étude qualitative basée sur le Test du Dessin de la Famille, les rapports entre itinéraires de fosterage et trajectoires de résilience d’un groupe de jeunes issus de la commune rurale de Sanankoroba, un aire culturel à dominance ethnique bambara situé au Sud-Ouest du Mali. Les parcours décrits permettent de constater que les stratégies mises en œuvre par les jeunes constituent une synthèse personnalisée des valeurs encouragées par le milieu d’appartenance plutôt que l’expression d’une simple adhésion aux normes culturelles dominantes.
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Hélène Romano : « Adoption internationale en contexte de catastrophe naturelle »

Si l’adoption s’inscrit comme un processus de « trouvaille » entre l’enfant et ses parents adoptifs, les enjeux sont multiples dès les premiers instants de la rencontre et de la découverte mutuelle. Notre communication se propose de discuter de ces enjeux lorsque l’adoption intervient suite à une catastrophe naturelle majeure, court-circuitant la temporalité et les démarches habituelles. Nous étayerons notre propos à partir de l’accueil des 293 enfants haïtiens adoptés et évacués en France précipitamment suite au séisme de janvier 2010. Pendant près d’un mois, nous avons conçu et coordonné l’accueil médico-psychologique de ces enfants au sein de l’aéroport d’Orly et de Roissy en région parisienne. Ces enfants étaient majoritairement très jeunes (80% avait moins de 3 ans) ; ils avaient été exposés pour certains très directement au séisme et à ses conséquences ; ils présentaient pour la majorité des troubles post-traumatiques important ; ils avaient quitté violemment leur environnement habituel en raison du contexte d’urgence ; ils se sont trouvés projetés dans un contexte culturel totalement inconnu ; ils n’avaient pour 88% d’entre-eux jamais rencontré leurs parents adoptifs. Dans un tel contexte, de multiples questions se posent. En particulier, comment le lien de filiation adoptive peut-il se construire alors que tous les dispositifs habituels sont court-circuités ? Quels sont les enjeux psychiques, les facteurs de risque et de protection de la santé de l’enfant et du lien parent-enfant lors des adoptions internationales suite à une catastrophe naturelle ? Quels dispositifs proposer en immédiat puis en différé à ces parents et à leurs enfants ?
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Saskia Walentowitz : « Nouvelles parentalités en contextes musulmans ? Enfants sans parage, légitimité et continuité transgénérationnelle du nasab »

Qu’en est-t-il des « nouvelles parentalités » en contextes de jurisprudence islamique, où la légitimité du mariage reste la pierre angulaire de la transmission (paternelle) des patronymes et de la continuité transgénérationnelle du nasab ? Quid des réformes relatives à l’adoption simple et plénière dans les situations contemporaines, où la conjugaison entre violences collectives et prééminence du lien agnatique privent de nasab un nombre vertigineux d’enfants?
Dans cet exposé, nous allons expliciter l’ontologie du nasab qui n’est pas synonyme de « filiation » au sens anthropologique classique ou contemporain du terme. L’hypothèse est que le nasab constitue un réseau de parenté ouvert, fondé sur le rapport de germanité (frère-frère ou frère-sœur selon les contextes). Il est le résultat réitéré de dynamiques transgénérationnelles d’alliances, combinant des mariages par permutation entre fratries dans la proximité et dans la distance généalogiques. En raison du caractère transgénérationnel de ces dynamiques, qui créent et recréent rétrospectivement l’origine comme point d’aboutissement, il n’y a point de nasab sans légitimité (paternelle) et vice versa. Ce constat permet de mieux comprendre les limites des réformes juridiques actuelles relatives au statut personnel, et notamment à l’adoption plénière interdite en islam. Les réformes soient respectent cet interdit et n’interviennent néanmoins que sur le plan intergénérationnel (en acceptant la transmission du nom par la mère, par exemple), soit créent une double normativité juridique ou accepte la création d’un nasab parallèle. Cependant ce dernier cas ne garantit pas l’intégration sociale de l’enfant dans un réseau transgénérationnel ou « parage » à cause de la prééminence culturelle du lien agnatique.

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Jean-Baptiste Loubeyre : « Défiliation »

Le concept vient de la politique et interroge les logiques de la transmission dans ce champ. La pertinence clinique de la défiliation apparaît dans le cas d’un très jeune enfant dont l’histoire se compose des attentes de trois pères. La justice doit définir les droits respectifs du père biologique, du père qui a reconnu et donné nom et inscrit dans sa famille, et du père, conjoint actuel de la mère, qui élève l’enfant. Un premier jugement « défilie » l’enfant pour le réaffilier.
Au-delà des aspects juridiques, la clinique nous amène à prendre en compte les dynamiques des « parentés labiles » que nous voyons dans les liaisons/déliaisons de la recomposition familiale et dans l’insécurité essentielle de la figure parentale que cela peut entraîner. De nouvelles formes de parenté émergent. Parentés classificatoires, variables d’une famille à l’autre, et même d’un côté de la famille à l’autre. Parentés assises sur le dédoublement des figures parentales et des lignages. Parentés maintenues en parallèle dans le cadre de certaines adoptions internationales. Le clinicien devient l’ethnographe du flou sociologique qu’il doit différencier de la confusion pathologique.

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Betty Guoguikian Ratcliff Fabienne Borel, Francesca Suardi : « Devenir mère en terre étrangère : préparation à l’accouchement en contexte interculturel »

Les migrantes primo arrivantes, parfois en situation précaire, ne maîtrisant pas la langue du pays d’accueil et devenant mères pour la première fois en terre étrangère, sont une population à haut risque de développer une anxiété pré-partum et une dépression post-partum. Cette présentation souligne le rôle des facteurs culturels et sociaux dans le développement de la dépression post-partum des femmes en migration (isolement social, difficultés d’accès au soin chez des femmes sans statut légal, pas de contraception, exposition à de la violence durant la grossesse, etc.). Dans ce contexte, offrir à la future mère la possibilité d’un étayage dans un groupe de femmes d’origines diverses, faisant circuler des représentations culturelles de la maternité, la grossesse et l’accouchement permet de soutenir son passage à la parentalité et de penser/rêver l’enfant à venir.
La mise en place d’un programme de prévention sous la forme d’un groupe multiculturel de préparation à l’accouchement, animé par une sage-femme et des interprètes communautaires, sera décrite. L’insertion de ce programme dans le tissu socio-sanitaire genevois depuis 2006 sera discutée ; le bilan des cinq premières années de fonctionnement et les perspectives d’avenir du programme seront établis.
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Dominique LauferVéronique Mauron : « Fabrication de nouveaux modèles identificatoires dans la procréation médicalement assistée »

Dans le cadre d’une recherche située au confluent de l’anthropologie et de la médecine, la question du destin des embryons (zygotes) cryoconservés surnuméraires résultant des traitements de fécondation in vitro nous a conduits à étudier la singularité de la filiation biologique dans le contexte de la procréation médicalement assistée ainsi que l’impact de cette technologie sur les individus et les familles.
De l’analyse des représentations des parents, il ressort que l’intervention des techniques ainsi que l’intromission d’un tiers dans la conception de l’enfant créent une rupture dans les processus d’identification et imposent l’invention de nouveaux modèles identificatoires. La fabrication de ces nouveaux modèles implique le recours à des modèles préexistants et l’adoption s’invite comme un des modèles possibles. Nous interrogeons l’irruption de ce modèle dans la filiation biologique, et ses effets dans la recomposition des supports identificatoires des couples dont un ou plusieurs enfants sont nés par procréation médicalement assistée ou qui possèdent des embryons (zygotes) cryoconservés.
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Anne Cadoret : « Homoparentalité et affiliation »

Notre modèle de parenté occidental, deux seuls parents, un père, une mère, nous a laissé penser que toutes les fonctions nécessaires à la conduite d’un enfant à l’âge adulte, telles que concevoir, mettre au monde, nourrir, éduquer, nommer et donner un statut, relèveraient de ces deux seuls parents. 
Or nous voyons s’installer dans nos pays occidentaux d’autres formes familiales dans  lesquelles les parents ne détiennent plus tous ces rôles et pourtant continuent à « faire famille ».  Je regarderai alors les manières dont les familles homoparentales se construisent et  demandent l’affiliation de leurs enfants.
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Ariane Giacobino : « Construitre ou déconstruire une identité génétique »

La génétique et les développements technologiques d’analyse du génome humain, de ses variations, donnent à l’individu un accès possible à sa propre identité biologique, à celle de ses ascendants, descendants et de son appartenance à un groupe ethnique. Tracer sa filiation, son origine, son passé et décoder son futur ? Les données génétiques peuvent aussi être comprises comme peu de choses en comparaison de l’acquisition que chacun fait de son identité, de par la marque de l’environnement sur ce qu’il est. L’épigénétique, ou les modulations du génome par l’environnement, tant en termes d’interactions interindividuelles, que de mode ou lieu de vie, nous démontrent que notre système biologique est infiniment plus complexe qu’un code-barre d’ADN. Les inscriptions épigénétiques permettent également une transmission transgénérationelle de ces influences environnementales. Cela offre une liberté immense pour l’intégration biologique de l’acquis, du nouveau, et heureusement de l’imprédictible, dans notre identité génétique et notre évolution.

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Discussions sur les « Nouvelles parentalités » animées par Pénélope Clinton et Christian Ghasarian

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Mohamad Benamar : « Diversités culturelles et intégrations »

Jamais le mot « intégration » n’a été aussi prononcé par les sociologues, les anthropologues, les ethnologues ou même les linguistes et les littéraires et ce, durant ces deux derniers siècles.  Cela est dû bien évidemment et en premier lieu, aux différents  phénomènes migratoires qu’a connu le monde. Une vraie problématique est née, celle liée à la diversité et la divergence des cultures. La grande question est bien : comment ces diversités vont-elles vivre ensemble ? 
Nous nous proposons dans ce travail d’explorer de plus prés cette notion de  « diversité culturelle » et bien entendu la problématique de l’ « intégration ». Pour ce faire, nous prenons pour exemple la France, qui a eu une densité migratoire considérable, à laquelle elle propose un modèle d’intégration bien particulier, celui de l’assimilation. Afin de mieux cerner le problème, nous avons fait non seulement appel à la microsociologie mais aussi aux écrits littéraires émanant de l’immigration et exaltant le phénomène de l’ « intégration » dans chaque phrase énoncée.
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Théogène-Octave Gakuba : « Jeunes Suisses d’origine africaine : identités, apparetnances culturelles et nationales »

Les migrations internationales occupent actuellement une place privilégiée dans les débats politiques et socio-économiques. Le nombre de migrants dans les différents pays du monde ne cessent d’augmenter pour des raisons diverses : demande d’asile, regroupement familial, études, travail. En Suisse, l’immigration africaine est récente et peu connue. La présence africaine dans la confédération helvétique devient remarquable entre les années 70 et 90 avec l’arrivée de réfugiés angolais, érythréens, éthiopiens, zaïrois (ressortissants de l’actuelle République Démocratique du Congo) angolais et somaliens. Les enfants des premiers immigrés africains sont aujourd’hui jeunes (18-25 ans). Nés en Suisse, ces jeunes vivent une double appartenance culturelle et nationale. Ma communication se référera aux résultats d’une recherche que je mène sur les jeunes subsahariens en Suisse (Cantons de Genève et Vaud) pour apporter des éléments de réponses aux questions suivantes :  
– Comment ces jeunes se définissent-ils sur le plan identitaire ? Comment vivent-ils la double appartenance culturelle et nationale ? Quelle perception ont-ils de la Suisse et du pays d’origine de leurs parents ?  
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Amel Dehane : « Les marquages corporels chez l’adolescent : modernité ou quête identitaire ? »

Les marquages corporels sont des pratiques ancestrales, qui s’insèrent dans des formes contemporaines d’inscription corporelle, tout en traduisant une reprise de traditions populaires ou marginales.  Mais il importe de constater  ici que ces marquages corporels qui étaient très en vogue au niveau de notre société traditionnelle ont sensiblement régressé avec le temps surtout au niveau des grands tissus urbains sous l’effet bien sûr des mutations à caractère culturel, éducatif et économique vécues par la société algérienne. D’ailleurs, on n’a pas hésité à penser à un moment donné qu’ils vont un jour disparaitre et à jamais du paysage ou du champ culturel et anthropologique national. Mais contrairement à toute attente, nous avons récemment relevé l’existence d’un regain d’intérêt pour ne pas dire la présence d’un engouement extraordinaire de nos jeunes adolescents pour ces pratiques ancestrales. Comment interpréter ces comportements dans notre société, où le corps devient de plus en plus une matière à bricoler selon l’ambiance du moment ?
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Houda Bouzidi : « Le viol en Algérie, une affaire de l’autre »

La psychiatrie d’antan avait tendance à s’intéresser uniquement à la question du traumatisme sans prendre en considération le rapport qu’il pourrait entretenir avec la culture dans tous ses sens. Aujourd’hui, la culture occupe une place prépondérante au sein de la psychiatrie, surtout dans ses rapports aux différents traumatismes psychiques. Ferenczi fut le premier à s’intéresser au trauma collectif. Il nous explique comment l’entourage peut aggraver le trauma quant il y a non-reconnaissance de sa part. Les travaux de René Kaës envisagent, en effet, l’espace psychique comme une métaphore de l’espace collectif, et de la culture. À cet égard, le cataclysme social correspond à un effondrement de la culture en tant que support à la vie psychique.  Dans ce travail, nous montrerons l’influence de la culture sur le trauma de viol et nous prendrons le cas de femmes algériennes violées. Nous aborderons donc la question du trauma et son rapport avec la culture. La culture, comme un système de valeurs, nous tenterons de l’analyser, de rentrer dans l’imaginaire de cette société, de ce groupe social, qui constitue un système centré sur la croyance partagée en des valeurs communes. Nous monterons ainsi, l’influence de ces valeurs et traditions sociales sur le processus d’intégration du traumatisme. Nous mettrons l’accent sur un des aspects de système de représentation traditionnel de la fille algérienne, système de représentations qui reste étroitement associé à l’idée de la femme tabou, la femme impure, qui demeure principalement source d’impureté parce qu’elle est susceptible de provoquer le « haram » (l’interdit, le pêché ou le tabou).  En effet, dans la culture algérienne, le viol touche toute la famille de la victime, il détruit toute la constellation de la famille. C’est l’honneur, la virilité et la dignité du père, du mari, du frère, et même du cousin qui sont ébranlés. Dans les familles algériennes, le viol est une affaire d’altérité. Comment faire face au regard de l’autre ? Mots clés : Culture, trauma, viol, fille algérienne.
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Javier Sanchis : « Processus d’émancipation chez les jeunes migrants de deuxième génération »

Les enjeux psychologiques, en lien avec l’appartenance d’origine et la migration, loin de s’arrêter aux premières générations, se poursuivent, sous des formes particulières, chez ceux que l’on nomme désormais les « migrants de deuxième génération ». Le processus d’émancipation de ces jeunes est complexifié par leurs appartenances « double », entre la culture d’origine des parents et la culture du pays d’accueil.  L’émancipation est alors souvent vécue comme une rupture, une séparation irréparable, d’avec leurs liens culturels et familiaux, rupture qui se prolonge jusqu’aux processus identitaires les plus inconscients. C’est lors de mises en échecs de ces processus d’émancipation que nous sommes appelés à rencontrer ces jeunes et leur famille, en raison d’une grande détresse psychologique, parfois après un geste suicidaire. Notre service de crise propose des traitements d’orientation psychanalytique ambulatoires intensifs, limités dans le temps, au cours desquels nous tentons de relancer les processus d’affiliation et, par là, la multiplicité des processus identitaires.  Il s’agit ainsi d’accompagner le jeune migrant dans un double processus d’émancipation, d’une part celui de sa famille et du monde des adultes et, d’autre part, celui de ses appartenances culturelles, afin de lui ouvrir la voie vers une singularité métissée. 

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Philippe KleinIrene de Santa Ana : « Prises en charge psychothérapeutiques de mineurs migrants non-accompagnés »

Comme une grande partie des migrants, les adolescents mineurs non accompagnés peinent à dialoguer avec les représentations qui appartiennent à leurs origines. Comme tout adolescent, ces jeunes sont confrontés à la tâche nécessaire de leur autonomisation et différenciation alors que, dans leur cas, les mondes culturel, social et familial sur lesquels cette tâche s’étaye et se confronte font défaut. L’adolescent mineur non accompagné est donc, de par sa spécificité, une population à risque. Sa prise en charge psychothérapeutique doit donc veiller à l’émergence et à la remobilisation des représentations liées à ses origines en lien avec les représentations d’aujourd’hui. Ce travail s’étaye sur la contenance de l’environnement psycho-social actuel à laquelle il est indispensable de veiller.
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Alice Titia Rizzi : « Le génogramme transculturel : les filiations qui viennent d’ailleurs dans le métissage des familles migrantes »

Le génogramme est un outil thérapeutique développé dans les années ’70 par les pionniers de la thérapie familiale systémiques aux Etats-Unis. Il permet une représentation graphique d’une famille sur au moins trois générations, où l’espace psychique familial se montre entre le contenu manifeste (membres, places, ordre transgénérationnel, histoire, dates, lieux..) et le contenu latent (relations, secrets, non-dits, conflits, identifications, héritages, loyautés..).
Au sein de la consultation transculturelle du Professeur Marie Rose Moro, nous essayons de repenser cet outil de manière adaptée aux familles de migrants. Les systèmes de filiations sont très différents selon la culture, selon les familles ; cela signifie que l’outil devrait tenir compte de plusieurs compositions familiales, différentes de celles du monde occidental. Ainsi, grâce à cet outil nous pouvons montrer graphiquement les caractéristiques singulières de ces modèles familiaux. Nous proposons, donc, une symbolisation qui montre des constellations parentales et culturelles qui vient d’ailleurs : la polygamie, la migration, les soins traditionnels et les pouvoirs (gjin, marabout, lecteur des rêves, négociateur..), les transmissions, les filiations (d‘où viennent les bébés, à qui ils appartiennent, leurs nominations), les affiliations (qui font famille), le co-maternage et le don d’enfant. A travers des cas cliniques, nous montrerons la méthode liée à l’application du génogramme transculturel dans notre pratique psychothérapeutique.
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Amalini Simon : « Une transmission au-delà des mots : parcours langagier des enfants tamouls au Sri-Lanka »

Nous menons actuellement dans le service de psychopathologie de l’hôpital Avicenne une recherche sur le bilinguisme : « D’une langue à l’autre », qui fait partie d’un PHRC (programme hospitalier de recherche clinique). Cette recherche consiste à faire valider un outil qui permet d’évaluer les enfants dans leur langue maternelle : l’ELAL d’Avienne et d’explorer la question de la transmission avec les parents. A partir de cet outil, dans le cadre d’une thèse nous avons travaillé sur la place de la filiation et des affiliations dans la transmission de la langue tamoule du Sri Lanka.
Ainsi, en étudiant l’utilisation des langues et leurs représentations, nous avons trouvé des traces de filiations et d’affiliations dans le langage des enfants tamouls. En travaillant sur les langues avec les enfants et leurs parents, nous avons pu mettre en évidence que la transmission de la langue maternelle ne se fait pas seulement par des mots et que les enfants sont sensibles à ce qui est transmis au-delà des mots, soit aux affects et aux représentations.
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Nicolas Renaud : « L’activité en ergothérapie, une manière de tisser un lien »

L’activité en ergothérapie, une manière de tisser un lien entre des objets, des activités, des individus  et des cultures.  La matière première utilisée pour réaliser un objet ou une activité concrète est par principe inerte et sans connotation culturelle. Elle se marque par contre d’une empreinte culturelle dès que la personne façonne cette matière. Durant la construction d’un objet, les gestes ainsi que les pensées vont être en lien avec l’histoire et la culture de l’individu. La thérapie  se déroule ainsi dans une transition entre cette histoire, cette culture individuelle et une réalité propre à la matière première dans l’ici et  le  maintenant. L’activité  ergothérapeutique peut-elle avoir un rôle de médiateur entre deux cultures ? 
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Danièle Pierre: « Rêves et pensées traditionnelles : Rencontre des théories, théorie d’une possible rencontre entre deux mondes »

La rencontre de théories culturelles différentes concernant les rêves nous amène à repenser nos propres théories, en référence à la psychanalyse freudienne. Ainsi, dans l’histoire de Soukaïna – adolescente d’origine marocaine, adoptée à la naissance par un couple belgo-marocain sans enfant – les étiologies traditionnelles, l’interprétation des rêves et toute la vision du monde de la culture traditionnelle marocaine, vont offrir une « matrice de sens » (selon l’expression de MR Moro) pour reconstruire une relation mère-fille plus apaisée.
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Cédric Petiau : « Viva valeque Katoucha »

Refusant d’épouser en secondes noces l’homme choisi par son père, Katoucha quitte la Guinée, y laissant une fille de 06 ans et « emportant » un fils de 07 mois. Dans ce contexte d’acculturation, comment s’inscrire comme fille, comme mère, comme femme. « On ne nait pas, on le devient », certes oui, mais en empruntant quels chemins ?
Nous questionnerons comment, notamment par le travail du rêve, un (re)tissage de ces filiations va être possible et se révéler opérant au cours de la prise en charge thérapeutique.
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Richard SimonOriane Bouchardy : « Les ‘requérants d’asile psychiatriques’ : quand la réalité socio-administrative influence nos modèles théorico-cliniques »

La rencontre avec la « différence » est inhérente à toute intervention clinique. La différence liée au contexte de vie socio-administratif de nos patients requérants d’asile vient impacter, souvent avec violence, nos repères cliniques et notre vécu contre-transférentiel. Avec ces patients nous sommes confrontés à toute une gamme de situations paradoxales qui nécessitent une adaptation de nos modèles théorico-cliniques et de nos dispositifs de soins psychiques. Cette adaptation est primordiale afin de permettre une prise en compte de cette réalité sans pour autant réduire le patient à celle-ci.

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Discussions autour des « Affiliations théoriques en ethnopsychiatrie », animées par Michal Fischer et Gabriela Guzman

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Film
Descente au Paradis en présence du réalisateur Israel Feferman

Nathalie Zilkha (Psychiatre, Psychanalyste SSPsa, Genève) : « Filiation et affiliation : complexité d’une articulation »

Le travail de filiation et le travail d’affiliation sont d’une certaine manière indissociables. Leur articulation, toujours en mouvement, est complexe, régulée par des contraintes multiples. Comment alors trouver une issue subjective ? L’historicisation subjective dans la filiation et l’affiliation, le traitement d’une expérience de désaffiliation, et l’entrelacs entre l’histoire singulière et l’histoire du monde seront approchés à travers trois œuvres littéraires.
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Marika Moïsseeff (Psychiatre, Ethnologue, Chercheur au CNRS, Paris) : « La tyrannie du choix chez les jeunes Aborigènes »
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Michael Houseman (Ethnologue, Directeur de l’EPHE, Paris) : « Rituels d’affiliation à l’adolescences et appropriation de soi »
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Table ronde avec les trois conférenciers sur « Affiliation et sentiment d’appartenance », Discutant : Christian Ghasarian

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Présidente : Saskia von Overbeck Ottino

Gilbert Diatkine (Psychanalyste formateur SPP, Paris) : « Le fantasme d’affiliation et la perte de l’identité »

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Mondher Kilani (Professeur d’anthropologie, Unil, Lausanne) : « De l’absorption au vomissement. La violence du lien social. »

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Table ronde : Idéalisation du sentiment d’identité, présidée par Saskia von Overbeck Ottino, avec Alejandro Rojas Urrega et Yoram Mouchenik

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Conclusion : Filiations, affiliations, adoptions…




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