Le XXIème siècle entérine une transformation majeure dans l’éducation : l’avènement de la construction précoce de l’individu et le repli du développement du sujet. Là où le sujet questionnait, depuis la naissance, le jeu des dépendances aux adultes pour inscrire la révolte dans le processus adolescent, l’adolescent d’aujourd’hui s’est vu accordé la qualité d’individu depuis la naissance. Le statut d’individu représentait une promesse à partir de celui initial de sujet, il est aujourd’hui un statut de naissance. Est-il pensable d’imaginer que ces nouvelles conditions éducatives ne jouent aucun rôle dans le déroulement de l’adolescence ? Comment ce nouvel adolescent auquel a été reconnue la « liberté de choisir » pendant l’enfance pourra-t-il négocier les contraintes physiologiques de la puberté et psychique de la crise d’adolescence ? Car la puberté et la transformation sexuée du corps représentent une contrainte que tous les êtres humains ont dû accepter dans ces années délicates de passage de l’enfant à l’adulte. La puberté et le pubertaire sont-ils, à ce titre, devenus traumatiques pour les adolescents d’aujourd’hui ? Question provoquante que nous aborderons à travers la notion même de traumatisme, en l’élargissant aux questions psychopathologiques que posent la clinique contemporaine de l’adolescent, tout en pensant les implications pour la psychothérapie.