Les damnées de la mer

L’intitulé de ce livre a immédiatement attisé ma curiosité. Selon Camille Schmoll, l’autrice, on ne parle pas assez des femmes migrantes. Et sincèrement, si on y pense… 

Quand vous lisez un article, écoutez la radio ou regardez les dernières informations à la télévision concernant les migrants, vous conviendrez qu’il y a le plus souvent des images de jeunes hommes entassés dans les bateaux ou dans des camps, comme ceux de Calais. On voit, tout au plus, des hommes accompagnés de leurs épouses et leurs enfants. Mais quand vous y repensez, avez-vous déjà vu des femmes seules dans ces images ? Probablement, mais ce n’est pas la majorité. Leur statut de femmes est effacé pour n’être remplacé par celui de mère et d’épouse. 

Ce livre montre une autre partie de cette réalité, celle des migrantes, qui n’est pas forcément montrée par les médias. Est-ce un moyen de protéger ces femmes, ou bien de nier qu’une femme arrive à fuir son pays, à faire la traversée, à venir chercher une vie meilleure pour elle ou bien pour sa famille ? La figure de la femme migrante remanie aussi l’idée et le regard que la société peut avoir sur les migrants. Ce phénomène est à double tranchant et  pourrait être aussi bien positif que négatif, quand on parle de la politique des réfugié.é.s. 

L’autrice a recueilli les récits de nombreuses femmes qui ont dû fuir, pour des raisons multiples, leur pays. Ces départs étaient parfois prévus, parfois improvisés. La plupart d’entre-elles a été contrainte au passage par la Lybie, avec pour quotidien la violence, la torture et le viol. Pour prétendre à une vie meilleure et pouvoir être en sécurité, elles ont risqué leur vie en traversant la méditerranée jusqu’à l’Europe. Sauf que, une fois arrivées dans cet Eldorado tant attendu, trop souvent leurs vies se retrouvent en suspens, dans l’attente que leurs demandes de statut de réfugiés soient entendues et analysées. L’autrice s’est déplacée dans des centres d’accueil à Malte et en Italie afin de rencontrer ces femmes et porter leurs voix.  

Le sexe féminin est souvent associé au sexe plus fragile, soumis et dépendant. Cependant avec ce livre, les enquêtes et les recherches menées depuis plus de 40 ans, la femme migrante est perçue d’une autre façon, peut-être plus réelle, forte, résistante et indépendante par moment. « Féminiser le regard, c’est défendre une perspective qui nous éloigne de certains discours victimisants et surplombants sur la migration féminine, en mettant au jour la capacité des femmes à traverser les frontières et à construire leurs propres trajectoires (…) ». 

Jenny

Photo by Giga Khurtsilava on Unsplash 

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