Napoléon Bonaparte, doit-on le commémorer ?
Le 5 mai 2021, la France commémorait le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte sous la coupole de l’Institut de France. Le Président Emmanuel Macron a, lors de son allocution, évoqué un portrait en clair-obscur de l’Empereur. On comprend aisément la prudence du chef de l’Etat, tant le sujet déchaîne les passions : héros qu’il faut honorer en raison de ses combats pour la grandeur de la France pour les uns et bourreau qui a rétabli l’esclavage en Guadeloupe en 1802 pour les autres.
Le 10 mai 2021, la loi dite « Taubira » pour la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité, du nom de Christiane Taubira – alors députée de l’Assemblée Nationale française – fêtait ses 20 ans. Cinq ans après son adoption, cette date-là sera choisie pour célébrer la Journée Nationale des mémoires de la traite et de l’esclavage et de leurs abolitions. Cette loi représente certes une première forme de réparation symbolique, mais pourrait paraître presque insuffisante face à l’ampleur des préjugés et des discriminations qui perdurent encore de nos jours.
Telle une ironie du calendrier, ces deux célébrations ont mis en exergue la difficulté de notre société française à regarder en face cette partie de notre histoire et montrent à quel point chaque évènement en lien avec l’esclavage nous divise. Est-il derrière nous, comme on peut l’entendre dans certaines paroles publiques ? Convoquer sans cesse le passé mettrait-il en péril le vivre ensemble, la sacro-sainte unité républicaine ?
Que faire de ce passé commun, sans le réduire à un clivage interdisant les complexités auxquelles l’histoire nous confronte ?
S’il est vrai que nous ne pouvons pas ignorer les héros du passé, il nous est indispensable de pouvoir nous projeter dans un futur où choisir, ensemble, les héros de demain.
Anissa et Julie
À lire : Symposium international « Guérir les blessures de l’esclavage : pour un rétablissement mutuel »
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