L’interprète, mon allié

Depuis que je travaille avec des réfugiés à la Croix-Rouge luxembourgeoise, je collabore quotidiennement avec des interprètes. Un dispositif sans eux ne serait plus envisageable pour moi. Ils font partie de l’accompagnement du réfugié parlant une autre langue que la mienne. 

Leur présence et leur collaboration ne sont cependant pas toujours souhaitées. Parfois même, leur profession n’est pas représentée dans les institutions ou bien la possibilité de leur intervention n’est pas intégrée auprès des équipes. Par manque de financement selon certains, par manque d’intérêt selon d’autres, ou encore par manque de temps. Le rôle de l’interprète est souvent méconnu et mal interprété. Il peut renvoyer aux professionnels des interrogations sur leur propre rôle dans la relation soignant-patient et sur la nécessité de changement dans le dispositif d’accueil du patient. La présence de l’interprète peut également véhiculer des questionnements sur la notion de confiance. Ces nombreuses interrogations et la remise en question qui en découle semblent faire de la présence de l’interprète une contrainte.

Pourtant détrompez-vous. Travailler avec des interprètes, c’est comme un voyage extraordinaire dans l’inconnu. C’est investir une communication transculturelle et autoriser la complémentarité de chacun d’entre nous. Marie Rose Moro et Mohand Ameziane Abdelhak ont souvent écrit sur le rôle, l’importance ainsi que les difficultés des interprètes en clinique transculturelle « les apports (…) de l’interprète sont précieux pour co-construire des nouvelles représentations des évènements d’ici mais surtout d’ailleurs. » 

L’interprète est à voir comme un allié puisque sans lui, il n’y aurait pas la possibilité de créer des ponts linguistiques entre le patient et le professionnel. Il ne traduit pas que des mots. Il aide à comprendre les valeurs, les représentations et les pratiques culturelles de l’autre. Il nous aide ici, à faire passer le message et la compréhension des choses subtiles de là-bas. 

Jenny

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