Teranga à la française ?

C’était mon premier vrai voyage, et c’était au Sénégal. J’y suis partie avec une amie et restée plusieurs mois. Nous sommes arrivées avec notre sac à dos dans l’idée d’arpenter ce pays et d’en découvrir les multiples aspects. Qu’est ce que j’y ai trouvé ? Une humilité et une humanité remarquable, avec cette même phrase d’accueil dans chaque recoin que j’ai pu explorer : « Vous êtes les bienvenues », « Le Sénégal, c’est le pays de la Teranga ». La Teranga peut être traduit du wolof comme signifiant « l’hospitalité », et ce n’est rien de le dire ! 

Partout où nous sommes passées nous avons été remarquablement accueillies. J’en garde un souvenir intact. Les sénégalais et sénégalaises que nous avons rencontré faisaient toujours en sorte que l’on se sente au mieux et surtout qu’on ne manque de rien. J’ai compris après une conversation avec l’un d’entre eux qu’ils accordent une grande importance à l’image que l’on gardera d’eux et leur pays. Il était primordial pour eux que l’on garde de bons souvenirs du Sénégal  et des moments passés ensemble. C’est chose faite ! 

Beaucoup me demandaient comment allait Paris et comment c’était la France, certains espéraient pouvoir y venir un jour et aspiraient à une vie meilleure en France. Ce sont ces moments-là qui étaient les plus difficiles à vivre pour moi dans ce voyage. J’essayais parfois de leur expliquer que le contexte en France pour les personnes étrangères n’était pas simple mais qui étais-je pour leur dire ça ? Moi qui était là, dans leur pays qui, à l’époque, ne demandait pas de visa aux français qui venaient ici. Ils étaient là, dans leur pays où ils ne parvenaient plus à se projeter, avec une image souvent idéalisée de ce qu’est la vie en France. Je voyais de toute façon qu’ils n’étaient pas disponibles pour écouter ma vision des choses. 

Je me souviens de Saliou, qui m’expliquait avoir essayé 3 fois de rejoindre la France, en vain. Il m’expliquait qu’il projetait d’essayer encore et encore. Il m’expliquait qu’en attendant il avait malgré tout créé sa petite affaire, il fait le guide pour des touristes français. Il disait qu’en accueillant correctement les français pendant leur séjour ici il serait bien accueilli en arrivant en France. Et si seulement… 

La question de l’accueil revient souvent dans mon quotidien professionnel. Je suis régulièrement heurtée par les méthodes mises en œuvre par certaines administrations pour que la personne étrangère ne soit pas accueillie. Je pense aussi aux institutions qui, avec des moyens humains et financiers souvent sous-évalués, n’ont pas les capacités de penser l’accueil ni de proposer un accompagnement adapté aux besoins des personnes. 

Claire Mestre, que j’ai eu l’occasion d’écouter lors d’une intervention au 23ème Colloque de la revue l’Autre est venue poser des mots sur ce qui me paraît être indispensable. Elle expliquait l’importance d’une présence inconditionnelle à défaut d’une hospitalité inconditionnelle. Il est en effet nécessaire d’être là, même si parfois il n’y a rien à dire. Et bien ce sera cela pour moi, la Teranga à la française !

Aïssa

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