Je n’y crois pas… jusqu’à ce que cela m’arrive
Quand il s’agit de parler de sorcellerie (esprits, monde surnaturel, n’importe comment chacun le nomme), il faut avouer que, indépendamment d’où l’on vient, on n’y croit pas toujours vraiment. Cependant..
Depuis petite, d’origine portugaise, j’entendais parler des « sorcières » au Portugal. Évidemment je n’en ai jamais croisé, ni jamais on n’a eu besoin de les croiser..ma famille n’est pas folle !
Un monde lointain et pourtant si proche.
Lorsque mon petit frère était bébé, il s’était mis, du jour au lendemain, à crier durant la nuit, lui qui était un bébé calme et qui dormait paisiblement depuis sa naissance. Un schéma a commencé à être visible : pile-poil à minuit il commençait à crier, et pile-poil à 3h du matin, il se rendormait comme si de rien n’était. Après maintes visites chez le pédiatre et à l’hôpital, un seul verdict univoque : l’enfant n’a rien.
Comment, est-ce possible d’entendre des professionnels vous dire que votre frère n’a rien, alors que vous, vous savez qu’il a quelque chose? Il souffre. Comment l’aider alors, comment arrêter ce calvaire, si tout va bien selon les médecins ? Rapidement, on ne s’est senti ni entendus ni compris. De la frustration, de la colère et de l’impuissance se sont alors fait ressentir, car nous nous trouvions dans une impasse.
De plus, je commençais à croire que je devenais folle! Souvent, je mettais mon frère au lit et je restais à ses côtés jusqu’à ce qu’il s’endorme. J’avais commencé à avoir l’impression que ses nounours m’observaient. Oui oui, ils m’observaient avec leurs grands yeux. Encore maintenant, en l’écrivant, des frissons qui me parcourent le dos.
Une décision devait être prise, et ma mère l’a prise. Elle a appelé ma grand-mère restée au pays, pour qu’elle consulte une « bruxa » (sorcière). Très souvent, au Portugal, quelqu’un connaît quelqu’un qui connaît une « bruxa ». Si dans le quotidien elles sont bannies (on n’est pas foux!), quand on ne s’en sort pas grâce à l’aide des professionnels, et bien, on va chercher de l’aide ailleurs.
La solution est rapidement tombée : au moment de mettre mon frère au lit, ma mère devait réciter un texte et faire le signe de la croix tout en tenant dans sa main un buis. Elle ne croyait pas vraiment à ce que ce rituel aurait pu apporter à mon frère. Quant à moi, je l’observais le faire à la lettre tous les soirs, mais je n’y croyais pas beaucoup non plus. Résultat : après 7 jours, mon frère a recommencé à faire ses nuits sans plus aucun cris !
Est-ce possible ? Je ne le sais pas, mais ce qui est sûr c’est que ça l’a été.
Il m’a fallu du temps pour comprendre ce que nous étions en train de vivre.
Par la suite, la « bruxa » en question a recontacté ma grand-mère, pour lui expliquer ce que mon frère aurait eu, selon ses investigations. Durant son baptême, la marraine ou le parrain avaient mal prononcé des mots religieux, ce qui avait provoqué une vulnérabilité dans l’esprit de mon frère. C’est durant la nuit que les esprits du monde invisible rendent visite à ceux du monde visible. Mais lorsque l’esprit de notre arrière-arrière-grand-père voulait rentrer en contact avec celui de mon frère, il le blessait involontairement. Du moment où le rituel avait rétabli les bonnes protections, les communications nocturnes pouvaient reprendre sans blessure ni cris.
Et les nounours dans tout cela ? On les a jetés à la poubelle, selon la sorcière ils étaient maudits. Ouf, je n’étais donc pas folle !
Parfois pour ne pas devenir fou, il faut s’autoriser à l’être un peu, on dirait.
Nous tous, on connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a des « pouvoirs » de guérisseur.
Ici ou ailleurs.
Jenny
Photo by Elena Mozhvilo on Unsplash.jpg
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